Le samedi 11 avril 2015, une
visite exceptionnelle a été organisée par l’INRAP, L’ADIM et la mairie de
Saverdun, afin de faire connaitre au public les découvertes récentes faites
lors des travaux réalisés pour la construction d’un centre commercial (sortie
Saverdun - direction Auterive).
C’est par un bel après-midi
ensoleillé que nous avons pu découvrir un site incroyable et ses fouilles en
cours : un lieu truffé de sépultures, riche de certaines fondations, silos à grains et mobiliers divers (période allant du II au XIII° siècle).
Sur un site gigantesque, une
petite portion est allouée pour quelques jours encore aux chercheurs de l’INRAP…
La première impression
visuelle de ce site met mal à l’aise : des engins de chantier, énormes,
bien alignés, attendent l’heure de la curée face aux traces étonnantes de notre
histoire, tombes fragiles, silos à grain, restes de temple et d’église…
Arrivés tôt pour la visite
organisée, nous sommes étonnés par la foule déjà présente et qui ne cessera d’augmenter
tout au long de l’après-midi.
Les archéologues prennent en
charge les arrivants, créent des groupes, expliquent par des panneaux affichés
sous des tentes, photos à l’appui, ce que nous allons voir.
Organisation parfaite, et
contenu passionnant.
C’est une chance que de
pouvoir participer à un tel évènement.
Avec un grand professionnalisme,
chaque groupe d’une cinquantaine de personnes est guidé sur le terrain afin de
découvrir tout d’abord les traces d’un temple romain et ses tombes alentour,
toutes de briques garnies, et étonnamment peu profondes.
Puis, nous passons aux silos
à grains, enterrés, au four à brique bien conservé, aux fondations de l’église entourées
de son cimetière : des dizaines et des dizaines de tombes intactes !
Dans le périmètre de l’église,
un archéologue termine le dégagement d’un squelette parfaitement conservé et
datant selon lui du XIII° siècle.
Il reste encore des traces
de bois du cercueil, des clous…
Nous vivons en direct la
découverte.
Les chercheurs nous
expliquent qu’ils ont déjà exhumé 160 tombes sur les 300 à 400 visibles sur la
parcelle qui leur est attribuée. Les ossements seront stockés, étudiés, datés…
Dans quelques jours, couchés
sur le sol, penchés durant des heures sur des êtres du passé que seuls des
pinceaux et des petits outils adaptés remonteront à la lumière, ils atteindront
les 200 tombes, fouillant péniblement et patiemment dans la chaleur ou le froid.
« Ils » :
des hommes et des femmes passionnés, respectueux de l’Histoire.
« Les êtres du passé » :
toutes ces âmes, tous ces gens nés pour vivre, pour aimer, pour travailler, et qui
ont eu des amis, des voisins, des parents, des enfants. Toutes ces personnes mortes
et enterrées ici, dans un lieu où ils pouvaient aspirer au plus élémentaire et
au plus légitime des droits humains : Reposer en paix.
Les
diktats économiques auront raison dans quelques jours de leur paix éternelle.
Dans quelques jours, si peu,
comparés aux siècles traversés, tout ce qu’il reste sera détruit, balayé, dans
le chamboulement aveugle des bulldozers obligés à l’outrage imposé à toutes les
personnes ensevelies là. 100 à 200 personnes disparaitront définitivement dans
la fureur païenne de notre économie moderne.
Il existait certainement des
solutions : déplacer le futur centre commercial, implanter un site
archéologique de référence pour la recherche et l’éducation, avec visites pour
nos écoles et nos enfants, et toutes personnes intéressées par l’histoire de
notre territoire. Un site qui accueillerait le public, tout en permettant la
création d’emplois et la reconnaissance
culturelle.
Mais il est vrai que notre
société de consommation a tant besoin de centres commerciaux…
Que faire, que dire, face au
« progrès » en marche ?
Nous ne pouvons que tirer
notre chapeau aux chercheurs, ces « gratteurs de terre », qui ne se plaignent
pas de travailler dans la poussière ou la boue, afin de sauver notre humanité
de l’oubli.
Merci à eux, merci à vous
Monsieur PAYA, pour nous avoir fait partager votre passion et votre savoir.
Il ne nous reste plus qu’à
joindre à ce texte une photo qui parle d’elle-même.
Historiquement vôtre,
L’association Pan de lune